Quelle comédie céleste et infernale que celle de l’abbé Pierre !

Quelle comédie céleste et infernale que celle de l’abbé Pierre ! En ce jour où naquit, il y a plus d’un siècle, un petit Savoyard que Dieu allait transformer en tonnerre de miséricorde, il est juste – et peut-être salutaire – de rouvrir les plaies. On a fait de l’abbé Pierre un mythe, puis une cible. Un saint pour les médias, tant qu’il servait leur cause ; un fardeau à oublier dès qu’il dérangeait. Emmaüs, son arche de fortune, tangue entre la gloire et le soupçon. Voici donc, non un hommage, mais un pamphlet – un cri dans le désert d’un monde amnésique. Voilà un moine des pauvres qu’on porta aux nues avant de le vouer aux gémonies. Hier encensé comme un saint de vitrail, aujourd’hui honni comme un démon. Il fut l’idole bien commode d’une époque en mal de vertu – couronné seize fois « personnalité préférée des Français » leprogres.fr , auréolé vivant par la rumeur publique – puis cloué au pilori par les mêmes qui l’avaient adulé. Les grands prêtres de l’opinion, d’or...