Naissance de Jésus : Évangiles, contexte historique, fêtes et lectures symboliques

 

Naissance de Jésus : Évangiles, contexte historique, fêtes et lectures symboliques



English summary

The Gospel infancy narratives (Matthew 1–2 and Luke 1–2) offer complementary portraits of Jesus’ birth: Luke frames it with a Roman census, a manger, angels, and shepherds; Matthew highlights the Magi, the star, Herod’s threat, the massacre of the innocents, and the flight into Egypt. Both agree on key points (Bethlehem, Mary, Joseph of Davidic lineage, the reign of Herod), but differ in storyline and emphasis—less “journalistic chronology” than theological proclamation of the Incarnation.

Historically, most scholars place Jesus’ birth a few years before 1 AD because Herod the Great died around 4 BC (a hard stop for Matthew’s setting). Luke’s link to a census “under Quirinius” is harder to reconcile with Herod’s reign, since Quirinius’ well-attested census is dated around 6–7 AD; many historians see Luke’s census scene as a narrative/theological device to explain the Bethlehem birthplace.

As for the date, the New Testament gives no day or month. Early Christians proposed several spring dates; only in the 4th century did the West firmly adopt December 25, first attested in Roman calendars (Chronograph of 354, with evidence of celebration already by the 330s). Two main explanations coexist: (1) a theological computation (March 25 conception/Annunciation + nine months), and (2) a Christian “reframing” of popular solstice and solar feasts (e.g., Sol Invictus), using the symbolism of Christ as the true Light.

Liturgically, the “Nativity cycle” unfolds: Christmas (Dec 25), Epiphany (Jan 6) (originally a broad “manifestation” feast, later focused on Magi in the West and Baptism/Theophany in the East), and Presentation in the Temple (Feb 2) (Luke 2:22–38), closing the cycle with themes of meeting, offering, prophecy, and light (Candlemas).

Finally, the tradition reads the infancy narratives on multiple levels: Bethlehem as “House of Bread” (Eucharistic hint), the manger as humility and gift, shepherds as the poor-first logic of the Gospel, Magi as the nations’ call, the gifts as Christ’s kingship/divinity/passion, Simeon’s “light for the nations,” and the whole cycle as a theology of light and fulfillment.

1. Récits évangéliques de la naissance de Jésus (Matthieu et Luc)

Les deux Évangiles qui relatent la naissance de Jésus – Matthieu et Luc – offrent des récits complémentaires, avec des différences de perspective notables. L’Évangile selon Luc situe clairement l’événement dans un cadre historique : « un édit de César Auguste ordonnant un recensement de toute la terre » oblige Joseph, de la maison de David, à se rendre avec Marie depuis Nazareth en Galilée jusqu’à Bethléem en Judéefr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Luc précise que ce recensement a lieu alors que Quirinius gouverne la Syriefr.wikipedia.org, et c’est durant ce séjour à Bethléem que Jésus naît. Luc insiste sur l’humilité des circonstances : Marie enfante son fils premier-né, l’enmaillote et le couche dans une mangeoire faute de place à l’hôtellerieprixm.orgprixm.org. L’annonce de la naissance est faite aux bergers des environs par un ange, puis une troupe céleste chantant « Gloire à Dieu... ». Ces bergers, considérés comme de modestes travailleurs en marge de la société urbaine, deviennent les premiers témoins de la Nativitéprixm.orgprixm.org. Ils se rendent à l’étable, trouvent l’enfant couché dans la crèche et diffusent autour d’eux la nouvelle de cette naissance merveilleuseprixm.orgprixm.org. Luc indique que ces bergers « passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux »prixm.org, détail souvent relevé car il suggérerait une saison plus clémente que l’hiver pour la naissance – en Judée, les troupeaux passent l’hiver abrités et non en plein pâturage nocturneregardsprotestants.com. En ce sens, « les bergers dans les champs au moment de la naissance, c’est improbable en hiver » conclut le théologien Antoine Nouisregardsprotestants.com. Par la suite, Luc mentionne la circoncision de Jésus au huitième jour, puis – point important – sa présentation au Temple de Jérusalem quarante jours après la naissance (voir section 5).

De son côté, l’Évangile selon Matthieu met l’accent sur d’autres éléments. Il situe également la naissance à Bethléem de Judée, « au temps du roi Hérode »fr.wikipedia.org. Matthieu ne parle ni du voyage depuis Nazareth ni d’une crèche : il sous-entend que Jésus naît à Bethléem, où résident Marie et Joseph avant de gagner plus tard Nazareth. Surtout, Matthieu rapporte la venue mystérieuse de mages venus d’Orient. Ces sages astronomes disent avoir observé son étoile se lever et viennent adorer le « roi des Juifs » nouveau-né en lui offrant de riches présents symboliques : de l’or, de l’encens et de la myrrhefr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Aucune mention n’est faite de l’étable ou des bergers dans ce récit, mais Matthieu relate la jalousie du roi Hérode le Grand. Informé par les mages de la naissance du Messie à Bethléem, Hérode cherche à éliminer l’enfant : c’est l’épisode du massacre des Innocents (ordre de tuer tous les nouveau-nés de moins de deux ans dans la région)fr.wikipedia.org. Averti en songe, Joseph fait fuir la Sainte Famille en Égypte jusqu’à la mort d’Hérodefr.wikipedia.org. Après le décès du roi (vers 4 av. J.-C., voir section 2), Joseph et Marie reviennent et s’installent à Nazareth en Galiléefr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Matthieu, écrit dans un style très soucieux d’accomplir les prophéties de l’Ancien Testament, insiste sur chaque événement comme « accomplissant » les Écritures (naissance à Bethléem conforme à Michée 5, fuite en Égypte évoquant Osée 11, massacre des Innocents rappelant Jérémie 31, etc.books.openedition.orgbooks.openedition.org). Il donne ainsi une dimension théologique forte à son récit de l’enfance de Jésus, conçu – selon plusieurs chercheurs – comme une sorte de midrash chrétien où chaque élément (l’étoile des mages accomplissant la prophétie de l’« astre issu de Jacob » en Nombres 24, la persécution d’Hérode reflétant celle de Pharaon contre Moïse, etc.) revêt une portée symbolique autant qu’historiquebooks.openedition.orgbooks.openedition.org.

En résumé, Luc et Matthieu s’accordent sur l’essentiel (Jésus est né à Bethléem de Judée, à l’époque d’Hérode le Grand, d’une mère vierge nommée Marie, fiancée à Joseph de la lignée davidique), mais chacun apporte des détails propres : Luc évoque le recensement romain, la mangeoire et les bergers visités par les anges, tandis que Matthieu évoque l’étoile, les mages venus adorer Jésus et la menace royale d’Hérode. Ces récits de la Nativité sont riches en sens spirituel et ont, selon les exégètes, une « densité historique variable »regardsprotestants.com. Ils visent avant tout à proclamer le mystère de l’Incarnation – Dieu fait homme dans l’humilité – plus qu’à fournir un simple reportage chronologique. D’ailleurs, les autres écrits du Nouveau Testament (Marc, Jean, les épîtres de Paul) ne mentionnent pas la naissance de Jésus, signe que la préoccupation d’une datation précise était secondaire pour les premiers chrétiensfr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Néanmoins, ces deux évangiles de l’enfance nous livrent quelques indications temporelles et géographiques qui ont suscité de nombreuses recherches historiques pour situer la naissance de Jésus dans le temps.


2. Données historiques sur la date de la naissance : Hérode, Quirinius et hypothèses calendaires

Année de naissance. Bien que la tradition situe la naissance de Jésus à l’an « 0 » de notre ère (calcul du moine Denys le Petit, voir plus bas), les historiens s’accordent à dire qu’il est très probable que Jésus est né quelques années « avant J.-C. » en réalité.* La raison principale est que Jésus est né sous le règne d’Hérode Ier le Grand, roi client de Rome en Judéefr.wikipedia.org, or on sait par les sources antiques (notamment l’historien Flavius Josèphe) qu’Hérode est mort en l’an 4 avant notre ère (an 750 de la chronologie romaine)fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Josèphe rapporte en effet qu’une éclipse de lune eut lieu peu avant la mort d’Hérode, et les calculs modernes identifient une éclipse observable en Judée le 13 mars de l’an 4 av. J.-C. – correspondant à la mort du roi peu aprèsfr.wikipedia.org. Cette date d’an -4, retenue par la grande majorité des historiens, établit un terminus ante quem : Jésus doit être né avant la fin de l’an 4 av. J.-C. (puisque Hérode intervient dans le récit de Matthieu puis meurt durant l’enfance de Jésusfr.wikipedia.org). La convergence de Matthieu et Luc sur un contexte « époque d’Hérode » donne confiance en cette fourchette de quelques années avant 1 : « on peut situer la naissance de Jésus en 7, 6, ou 5 avant notre ère », conclut l’historien S. C. Mimounifr.wikipedia.org. De nombreux spécialistes proposent plus précisément vers 5 ou 6 av. J.-C. comme date probablefr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Cela correspondrait à un Jésus trentenaire vers 26-28 ap. J.-C., concordant avec l’indice donné par Luc sur le début de son ministère sous Tibère (autour de 27-29)fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Ce décalage de ~5-6 ans vient de ce que le moine Denys, au VIe siècle, a légèrement mal calculé le début de l’ère chrétienne – une erreur reconnue dès longtempsfr.wikipedia.org.

Le recensement de Quirinius. L’unique repère calendaire précis mentionné dans les Évangiles est l’inscription de la naissance de Jésus dans le cadre d’un recensement ordonné par l’empereur Auguste « pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie »fr.wikipedia.org. Or ce détail de Luc pose un sérieux problème historique, souvent souligné. Les archives romaines (Josèphe, Dion Cassius, etc.) attestent qu’un certain Publius Sulpicius Quirinius fut légat (gouverneur) de la province de Syrie en 6-7 ap. J.-C., et qu’il organisa alors un recensement en Judée (nouvellement annexée après la destitution d’Archélaüs, l’un des fils d’Hérode)fr.wikipedia.org. Ce recensement de Quirinius en 6 ap. J.-C. – également évoqué dans les Actes des Apôtres, 5,37fr.wikipedia.org – provoqua d’ailleurs la révolte de Judas le Galiléen, événement bien daté. Le hic vient de ce que placer la naissance de Jésus lors de ce recensement en l’an 6 pose une contradiction de près de 10 ans avec la mort d’Hérode (~4 av. J.-C.). La plupart des historiens estiment donc que Luc (ou la tradition qu’il relaie) a fait ici une confusion chronologiqueen.wikipedia.orgen.wikipedia.org. Sans nier l’historicité de Jésus, on considère que cette mention servait surtout à justifier théologiquement la naissance à Bethléem (pour accomplir la prophétie du Messie davidique), en expliquant le déplacement de Joseph depuis Nazarethfr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. En effet, aucun recensement universel de population demandant aux sujets de se faire enregistrer dans la ville de leurs ancêtres n’est documenté sous Augustefr.wikipedia.org. Qui plus est, le recensement connu de Quirinius en 6 n’aurait concerné que la Judée (province annexée), pas la Galilée d’où partent Joseph et Marie qui, elle, restait sous le règne d’Hérode Antipas jusqu’en 39 ap. J.-C.fr.wikipedia.org. Bref, « il est impossible de faire coïncider toutes les données », admettent les chercheurs, et Luc 2,1-5 est souvent considéré comme une construction narrative à visée apologétique plutôt qu’un fait historique avéréfr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Notons cependant que certains exégètes ont tenté de concilier les choses : par exemple l’apologiste Tertullien (vers 200) affirmait que le recensement en question avait eu lieu en Judée sous Sentius Saturninus (gouverneur de Syrie avant Quirinius, vers 8-6 av. J.-C.), ce qui correspondrait mieux à la période d’Hérodefr.wikipedia.org. Cette hypothèse reste spéculative et non confirmée par les sources. En résumé, la “piste Quirinius” est écartée par la majorité des historiens : Jésus est né à la fin du règne d’Hérode (avant 4 av. J.-C.), et la mention du recensement serait une anachronie lucaniennefr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org.

Autres repères chronologiques. Matthieu mentionne que Hérode fit tuer les petits garçons de moins de deux ans révolus, « selon la date dont il s’était soigneusement enquis auprès des mages »fr.wikipedia.org. Cette précision incite à penser que l’apparition de l’« étoile de Bethléem » (cf. Mt 2,2) s’était produite jusqu’à deux ans avant l’arrivée des mages auprès d’Hérode. Certains astronomes et historiens ont cherché quel phénomène céleste aurait pu correspondre à l’astre des mages – sans conclusion certaine. Plusieurs candidats ont été suggérés pour la période ~7-5 av. J.-C. : une conjonction particulièrement rare de Jupiter et Saturne en 7 av. J.-C., observée trois fois dans la constellation des Poissonsfr.wikipedia.org; le passage d’une comète ou d’une nova en 5 ou 4 av. J.-C. notée dans les chroniques chinoisesfr.wikipedia.org; ou encore une conjonction Jupiter-Vénus en juin 2 av. J.-C. Étant donné le caractère vraisemblablement légendaire ou théologique du récit (l’étoile qui « s’arrête » au-dessus de l’endroit où se trouve l’enfant, Mt 2,9), la plupart des spécialistes demeurent prudents : « il est douteux que l’étoile de Bethléem puisse fournir la moindre indication fiable sur l’année de naissance » concluent des auteurs modernesfr.wikipedia.org. En revanche, on peut exploiter les éléments de chronologie interne aux Évangiles : Luc indique que Jésus avait « environ 30 ans » au début de son ministère, lequel commence peu après celui de Jean-Baptiste la 15^e année de Tibère (Luc 3,1 et 3,23). Tibère ayant commencé à régner en 14 apr. J.-C., cela situerait le baptême de Jésus vers 28-29 apr. J.-C. et sa naissance vers ~2 ou ~1 av. J.-C. ; toutefois, si l’on considère que Tibère était déjà césar associé de son vivant d’Auguste (dès 12 apr. J.-C.), la 15^e année compterait depuis 12, ce qui placerait le baptême vers 26-27 apr. J.C.fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Ces incertitudes, couplées à la durée non précisée entre le début de la prédication de Jean et le baptême de Jésus, laissent une marge de quelques années. Globalement, les historiens recoupent toutes les données disponibles pour proposer la fourchette 7 à 4 av. J.-C. pour la naissance de Jésus : « la date la plus vraisemblable reste finalement autour de 5 ou 6 av. J.-C., malgré les points obscurs » conclut par exemple l’exégète R. E. Brownfr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org.

Hypothèses calendaires juives. Au-delà de l’année, se pose la question du jour et de la saison de naissance. Aucune date n’est donnée dans la Bible, et très tôt différentes communautés chrétiennes ont proposé des dates symboliques en l’absence de certitude. Clément d’Alexandrie (vers 200) témoigne qu’à son époque plusieurs traditions coexistaient en Égypte : « certains avec plus de précision » placent la naissance de Jésus le 25 du mois égyptien de Pachon (soit 20 mai), d’autres le 24 ou 25 Pharmouti (soit 19 ou 20 avril), tandis que les disciples de Basilide célébraient quant à eux non la nativité mais le baptême du Christ le 15 ou le 11 du mois de Tybi (soit les 10 ou 6 janvier)fr.wikipedia.org. Clément lui-même se refuse à trancher. On voit donc qu’au II^e siècle, le 6 janvier (future date de l’Épiphanie) est déjà évoqué, mais comme date anniversaire du baptême du Christ (sa « naissance spirituelle ») chez certains, alors que d’autres penchent pour des dates de printemps (avril-mai) pour la naissance selon la chair. Au III^e siècle, on continue de chercher des repères. L’ecclésiastique africain Jules l’Africain (vers 221) calcule par exemple que l’Incarnation a eu lieu 5 500 ans après Adam et place la Nativité en l’an 5501 du monde, soit la 42^e année du règne d’Augustefr.wikipedia.org. D’autres, à Alexandrie, essaient de concilier la naissance de Jésus avec le début d’un cycle pascal de 19 ans : Annianos et Panodore (Ve siècle) fixent ainsi la Nativité à l’an 9 apr. J.-C. pour obtenir un beau compte de 5 500 ans depuis la Créationfr.wikipedia.org – une date évidemment trop tardive au regard d’Hérode. Ces spéculations mêlent considérations symboliques et tentatives de cohérence chronologique.

Une piste intéressante relie la date de naissance à la date de mort du Christ : selon une tradition ancienne, plusieurs théologiens considéraient que Jésus avait été crucifié le 25 mars (équinoxe de printemps) – date supposée de l’Annonciation donc de la conception du Christ dans le sein de Marie. Cette idée d’une circularité du temps (les grands actes de Dieu ayant lieu aux mêmes dates) a pu conduire à placer la naissance exactement neuf mois après le 25 mars, soit le 25 décembrefr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Quoi qu’il en soit, aucune source chrétienne du Ier ou IIe siècle ne mentionne la date du 25 décembre, qui n’apparaît qu’au IVe siècle comme on le verra. À l’inverse, l’hypothèse d’une naissance au printemps – cohérente avec la présence de bergers dans les champs la nuitregardsprotestants.com – est soutenue par certains écrits. Un texte attribué à Hippolyte de Rome (début IIIe siècle) aurait situé la naissance un 2 avril (un mercredi)fr.wikipedia.org. De même, un traité anonyme africain de 243 (De Pascha Computus) fixe la naissance de Jésus au 28 mars 243 : il explique que c’est le quatrième jour après Pâque et correspond au quatrième jour de la Création (création du Soleil), ce qui permet d’identifier le Christ au « Soleil de justice » annoncé par Malachiefr.wikipedia.org. Ce texte montre qu’avant même l’officialisation de la fête de Noël, certains chrétiens associaient symboliquement la lumière croissante du printemps à la venue du Sauveurfr.wikipedia.org. D’autres calculs encore apparaissent chez les Pères de l’Église (par ex. saint Épiphane de Salamine, IVe siècle, optant pour le 6 janvier comme date de naissance pour contrer des gnostiquesfr.wikipedia.org). En somme, les débats des premiers siècles n’ont pas tranché fermement et la date exacte reste inconnue : « ni le jour ni l’année ne sont connus avec précision » admet l’article de l’encyclopédiefr.wikipedia.org. Ce flou a ouvert la voie à diverses traditions liturgiques, dont celle de Noël le 25 décembre qui s’est finalement imposée à partir du IV^e siècle.

3. Origine et évolution de la fête de Noël (25 décembre) et traditions antérieures

Origine de Noël le 25 décembre. La fixation de la célébration de Noël le 25 décembre remonte au IVe siècle dans l’Église d’Occident. La première mention claire d’une fête de la Nativité à cette date figure dans le Chronographe de 354 (un calendrier illustré de Rome) : à la date du 25 décembre y est indiquée la « Nativité du Christ à Bethléem en Judée », célébrée sous le pontificat du pape Libèrefr.wikipedia.org. Les historiens estiment que cette célébration romaine a pu débuter quelques années plus tôt, vers 336 apr. J.-C.fr.wikipedia.org. Pourquoi cette date du 25/12 ? Deux explications ne s’excluant pas ont été proposées :

  • Motif symbolique et théologique : Il est possible que la date ait été choisie d’après le calcul mentionné plus haut (25 mars Annonciation + 9 mois). Le 25 décembre tombant peu après le solstice d’hiver (21/12), cela correspond au moment où les jours recommencent à s’allonger dans l’hémisphère nord, symbolisant la « naissance de la lumière ». Les chrétiens y ont vu un beau symbole : Jésus, « Lumière du monde », naît au moment où le soleil reprend des forces. Saint Augustin écrira ainsi : « Il a voulu naître le jour du solstice de Bruma (solstice d’hiver), qui est le 25 décembre, le jour où la lumière commence à croître, afin que le même qui a fait toutes choses montre en ce jour qu’il est né pour renouveler toutes choses »regardsprotestants.com. Cette théologie de la lumière s’est développée dès l’Antiquité tardive. Par exemple, un auteur africain de 243 identifiait déjà Christ au Sol iustitiae (Soleil de justice) de Malachie, notant que le 28 mars (équinoxe de printemps) avait vu naître le soleil ; plus tard c’est le solstice d’hiver qui sera interprété comme point de départ de la « vraie lumière » divinefr.wikipedia.org.

  • Motif de concurrence aux fêtes païennes : Au IVe siècle, l’Empire romain célèbre le 25 décembre la fête du Natalis Solis Invicti (Naissance du Soleil invaincu), associée au culte solaire de Mithra et à l’empereur : instaurée officiellement en 274 par Aurélien, cette fête païenne gagne en importance jusqu’au temps de Constantin (empereur converti au christianisme)fr.wikipedia.org. L’Église aurait alors choisi de christianiser cette date populaire en y célébrant la naissance du Christ, Soleil de justice, éclipsant symboliquement le culte du soleil païenfr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. L’adoption de Noël le 25 décembre à Rome vers 330-354 semble donc « s’insérer dans un cadre plus général de constitution d’un calendrier liturgique, probablement destiné à concurrencer, à Rome, les réjouissances païennes »fr.wikipedia.org. Comme le résume Antoine Nouis, « la date du 25 décembre a été fixée au IV^e siècle pour coïncider avec une fête romaine du solstice d’hiver : cette fête marquait la fin des jours qui raccourcissent et le début de leur allongement, symbole de l’arrivée de la lumière. L’Église a adopté cette date pour signifier que la naissance de Jésus inaugurait une ère de lumière divine »regardsprotestants.com.

Quoi qu’il en soit de la motivation initiale, la fête de Noël au 25 décembre se répand rapidement en Occident. Constantinople (Église d’Orient) l’adopte vers 379 sous l’impulsion de saint Grégoire de Nazianze, et Antioche en 386 (prédications de saint Jean Chrysostome en faveur du 25/12). En Égypte, en revanche, on continue jusqu’au Ve siècle à ne fêter que le 6 janvier (voir ci-dessous) ; Alexandrie n’introduit Noël du 25 décembre qu’autour de 430fr.wikipedia.org. Au total, il faut quelques décennies pour que la nouvelle fête s’impose partout : le processus culmine en 529, lorsque l’empereur Justinien déclare le 25 décembre jour férié dans tout l’Empire. Dès lors, Noël devient une solennité majeure du calendrier chrétien, centrée sur la « naissance historique » du Christ (Dieu fait homme)fr.wikipedia.org.

Évolution liturgique et “cycle de la Nativité”. À partir de l’instauration de Noël, l’Église va organiser autour de cette date tout un cycle de célébrations. Les Douze Jours entre Noël (25/12) et l’Épiphanie (6/1) forment une période festive cohérente : le Concile de Tours en 567 officialise ces « douze jours de Noël » qui suivent le solstice d’hiverfr.wikipedia.org. En Occident, la fête du 1ᵉʳ janvier (8ᵉ jour après Noël) est intégrée au cycle : ce sera plus tard la fête de la Circoncision de Jésus (remplacée de nos jours par Marie Mère de Dieu). Le dimanche après le 6 janvier est consacré au Baptême du Christ (voir section 4). Au fil du temps, un temps liturgique de l’Avent (les semaines préparant Noël) est aussi développé. Ainsi s’architecture le cycle liturgique de la Nativité allant du début de l’Avent (fin novembre) jusqu’à la Présentation de Jésus au Temple le 2 février, 40 jours après Noël (voir section 5)fr.wikipedia.org. Notons que la dévotion populaire a ajouté au folklore de Noël divers symboles (crèche de saint François d’Assise au XIIIe s., arbre de Noël, cadeaux, chants, etc.), mais cela sort du cadre purement historique pour entrer dans l’histoire culturelle.

Traditions antérieures ou parallèles. Avant le IVe siècle, la grande fête de l’Incarnation n’était pas Noël mais l’Épiphanie (voir section suivante) le 6 janvier, qui englobait la Nativité dans une perspective plus spirituellefr.wikipedia.org. Certaines Églises orientales, notamment l’Église arménienne, ont conservé la tradition de célébrer la naissance du Christ le 6 janvier (avec son baptême) et n’observent pas le 25 décembre. À l’inverse, l’Occident a spécialisé les rôles : Noël pour la naissance, l’Épiphanie pour la venue des mages (voir section 4). Avant l’ère chrétienne, la période du solstice d’hiver donnait lieu à diverses fêtes païennes : les Saturnales romaines (fin décembre) étaient des jours de liesse, d’inversion des rôles sociaux et d’échanges de présents qui ne sont pas sans évoquer certains aspects de Noël. De même, dans les cultes à mystères, la naissance de divinités solaires ou salvatrices était célébrée en hiver : on cite souvent Mithra (dieu oriental dont on fêtait la nativité le 25 décembre selon la légende)fr.wikipedia.org. Toutefois, il est difficile de mesurer l’influence exacte de ces cultes sur la fixation de Noël ; l’intention affichée des Pères de l’Église était surtout de substituer aux festivités païennes du solstice une fête chrétienne plus authentique, détournant ainsi les convertis de leurs anciennes pratiquesfr.wikipedia.org. Enfin, mentionnons qu’au sein même du christianisme, tout le monde n’accueillit pas d’emblée favorablement l’idée de fêter la naissance du Christ : Origène au III^e siècle moquait la célébration des anniversaires corporels comme une coutume païenne (Hérode et Pharaon dans la Bible fêtent leur anniversaire, jamais les justes) ; certains courants austères voyaient dans la Nativité une fête « charnelle » moins importante que Pâques. Ces réticences s’estompèrent une fois Noël solidement installé dans la liturgie universelle.

4. Histoire liturgique et théologique de l’Épiphanie (6 janvier) en Orient et Occident

Le mot Épiphanie vient du grec epiphaneia (manifestation, apparition) et désigne la manifestation de Dieu aux hommesfr.wikipedia.org. Dans les premiers siècles chrétiens, « l’Épiphanie » était la grande fête unique de la manifestation du Christ dans le mondefr.wikipedia.org. Jusqu’à la fin du IVe siècle, la date du 6 janvier concentrait ainsi plusieurs commémorations : on y célébrait à la fois la venue des mages auprès de l’Enfant Jésus, mais aussi d’autres épisodes révélant la divinité du Christ, comme son baptême dans le Jourdain (théophanie trinitaire avec la voix du Père et la colombe de l’Esprit) et le miracle des noces de Cana (d’après Jean 2)fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Jean Chrysostome mentionne que dans la tradition syrienne on fêtait en un même jour trois manifestations : l’adoration des mages, le baptême de Jésus à 30 ans et le miracle de Cana à 31 ansfr.wikipedia.org. L’Épiphanie était donc à l’origine une fête multiple, célébrant globalement l’incarnation et la manifestation du Verbe au monde, par opposition à Noël (introduit plus tard) qui se concentre sur la naissance historique du Christfr.wikipedia.org.

Orient et Occident. Progressivement, à partir du IVe siècle, la distinction s’est faite entre les traditions orientales et occidentales. En Orient, l’Épiphanie (souvent appelée Théophanie) est restée avant tout la fête du Baptême du Christ : le 6 janvier, les Églises orientales commémorent que Jésus, à son baptême par Jean, a été manifesté comme Fils de Dieu (voix céleste disant « Tu es mon Fils bien-aimé »)fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Des rites de bénédiction de l’eau ont lieu ce jour-là pour rappeler le baptême (par ex. immersion d’une croix dans l’eau bénite). En Occident, en revanche, c’est la visite des Rois mages qui est mise en avant le 6 janvier : dès le II^e siècle, on trouve chez Tertullien l’idée que les mages étaient roisfr.wikipedia.org, et par la suite la tradition latine a développé toute une imagerie des « trois Rois mages » de noms Gaspard, Melchior et Balthazar. L’Épiphanie occidentale célèbre donc la manifestation du Messie aux païens (les mages venant d’Orient représentaient les nations païennes)fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. D’ailleurs on appelle familièrement le 6 janvier le « Jour des Rois ». Cette divergence de sens est ancienne : « en Occident, on a mis l’accent sur l’adoration des mages, et en Orient sur le baptême de Jésus », résume un auteur contemporaincatechese.catholique.fr.

Notons qu’historiquement l’Épiphanie du 6 janvier a pu servir de seconde date possible de Nativité : par exemple saint Épiphane (IVe s.) affirme que Jésus est né le 6 janvier, réfutant ainsi des adversaires (les Aloges) qui niaient la chronologie johanniquefr.wikipedia.org. De même, certains gnostiques basés en Égypte ne fêtaient que le 6 janvier (appelés d’ailleurs « Épiphanistes »). Mais avec l’adoption du 25 décembre, cette question s’est estompée. Au Moyen Âge, la liturgie latine continuait toutefois à évoquer aux Matines de l’Épiphanie les trois mystères à la fois (mages, baptême, noces de Cana)fr.wikipedia.org, même si la messe du jour se concentrait sur les mages. L’Église arménienne, quant à elle, a conservé l’ancienne tradition : elle célèbre encore le 6 janvier la Nativité et le Baptême du Christ en une seule fête, sans Noël séparéfr.wikipedia.org.

Sens théologique. L’Épiphanie revêt une signification théologique profonde dans la tradition chrétienne. Elle célèbre l’universalité du salut : « après les bergers (Juifs pauvres) qui furent les premiers appelés à la crèche, Jésus rencontre maintenant le monde dans toute sa diversité, symbolisée par des mages venus de loin », souligne un articlefr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Ces mages étrangers qui adorent l’Enfant manifestent que le Christ est lumière non seulement pour Israël mais pour toutes les nations. De nombreux Pères de l’Église ont ainsi vu dans les mages les prémices des Gentils convergeant vers le Dieu véritablebooks.openedition.orgbooks.openedition.org. La fête du 6 janvier a été qualifiée en Occident de « Pentecôte du cycle de la Nativité », car le baptême du Christ y est associé à une théophanie de l’Esprit Saint descendant sur luifr.wikipedia.org. C’est pourquoi la liturgie latine a institué une fête distincte du Baptême du Seigneur (dimanche suivant l’Épiphanie) pour prolonger cette dimensionfr.wikipedia.org. En somme, l’Épiphanie, qu’on l’entende comme fête des Mages ou fête du Baptême, célèbre la manifestation glorieuse du Christ au monde : Dieu se révèle aux humbles comme aux savants, aux Juifs comme aux païens.

5. La Présentation de Jésus au Temple (2 février) : fondements scripturaires, histoire et liturgie

Fondement biblique. La Présentation de Jésus au Temple – fêtée le 2 février, 40 jours après Noël – correspond à l’épisode rapporté en Luc 2,22-38. Conformément à la Loi de Moïse (Lévitique 12), Marie et Joseph, quarante jours après la naissance, portent le nouveau-né Jésus au Temple de Jérusalem pour le « présenter au Seigneur » et pour accomplir le rite de purification de la mèrefr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. En effet, dans la tradition juive, la mère devait se purifier rituellement 40 jours après la naissance d’un garçon (et offrir un sacrifice d’action de grâce), et le premier-né masculin devait être « racheté » ou consacré à Dieu en mémoire des premiers-nés épargnés lors de l’Exodefr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Luc décrit la Sainte Famille offrant « un couple de tourterelles ou de jeunes colombes », l’offrande des pauvres, ce qui indique leur condition modeste. Au Temple, ils sont accueillis par deux figures âgées : Siméon, présenté comme un homme juste à qui l’Esprit Saint avait annoncé qu’il verrait le Messie avant de mourir, et Anne, une pieuse veuve et prophétesse de 84 ans, assidue au Templefr.wikipedia.org. Siméon prend l’enfant Jésus dans ses bras et prononce un cantique de louange – le Nunc dimittis – où il reconnaît en cet enfant la lumière du salut : « Lumière pour éclairer les nations et gloire d’Israël ton peuple » (Lc 2,32)fr.wikipedia.org. Il bénit aussi Marie et Joseph et prophétise que l’enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, et qu’une « épée » de douleur transpercera l’âme de Mariefr.wikipedia.org. Anne, de son côté, rend grâce à Dieu et annonce à tous la venue du libérateur. Cet épisode, propre à Luc, est riche de sens : il montre Jésus introduit dans le Temple de Jérusalem, reconnu publiquement par les figures de l’attente juive (un vieillard symbole de la Loi et une prophétesse) comme le Messie tant espéré. On y lit une rencontre entre l’Ancienne Alliance et la Nouvelle : l’expression orientale pour la fête est d’ailleurs Hypapantè (la « Rencontre » du Seigneur)fr.wikipedia.org. La liturgie y voit le passage de l’Ancien au Nouveau Testamentfr.wikipedia.org, Siméon représentant l’ancienne économie qui s’efface après avoir vu l’aurore du salut.

Historique de la fête. La célébration liturgique du 2 février trouve ses racines à Jérusalem dès le IVe siècle. La pèlerine Égérie, dans son journal de voyage (vers 381), décrit les cérémonies du 40e jour après l’Épiphanie (alors le 14 février puisque la Nativité était fêtée le 6 janvier en Orient) : une procession et une messe solennelle commémorant ce jourfr.wikipedia.org. À l’origine donc, la fête était fixée 40 jours après l’Épiphanie. Après l’adoption de Noël au 25 décembre, il devint logique de déplacer la Présentation au 2 février (40 jours après 25/12) dans l’Empire byzantin. L’empereur Justinien décréta en 542 que la fête serait dorénavant le 2 février à Constantinople, d’où elle se généralisafr.wikipedia.org. En Orient, la Présentation (ou Rencontre) du Seigneur est comptée parmi les 12 grandes fêtes fixes de l’année liturgique orthodoxefr.wikipedia.org, célébrée avec grande solennité. En Occident, la fête est mentionnée à Rome dès le V^e siècle sous le nom de Purification de la Vierge. Le pape Gélase I (~ vers 494) aurait officiellement substitué cette fête chrétienne aux anciennes Lupercales païennes de févrierfr.wikipedia.org. Plus tard, au VII^e siècle, le pape Sergius I introduisit une procession pénitentielle aux chandelles le 2 févrierfr.wikipedia.org, ce qui a donné en français le nom populaire de Chandeleur (fête des chandelles). Ainsi se combinent les thèmes de la purification de Marie, de la présentation du Christ premier-né et de la lumière manifestée aux nations.

Sens et traditions. La Présentation au Temple est riche en symboles. Liturgiquement, elle clôt le cycle de la Nativité : quarante jours après Noël, Jésus est offert à Dieu, « conformément à la Loi », préfigurant l’offrande suprême de la Croix. Marie, « pure et sans tache » selon la foi chrétienne, se soumet humblement à la Loi de la purification – l’Église souligne l’humilité et l’obéissance de Marie, modèle des croyantsfr.wikipedia.org. La rencontre avec Siméon et Anne symbolise l’attente d’Israël comblée : la Tradition voit en Siméon l’archétype de l’âme juste accueillant le Christ, et en Anne l’image de l’Église prophétique qui annonce le Sauveur. Le cantique de Siméon a valu à la fête son caractère de fête de la Lumière : dans de nombreuses liturgies, on bénit ce jour-là les cierges, et une procession aux flambeaux rappelle que Jésus est la « lumière du monde » révélée aux nationsfr.wikipedia.org. Historiquement, la fête de la Chandeleur supplanta des rites païens de purification et de lumière de la fin de l’hiver, christianisant les symboles du renouveau. Dans l’Église catholique, le 2 février est resté la Présentation du Seigneur (et Purification de Marie) ; c’est aussi la Journée de la vie consacrée (en référence à Jésus présenté et consacré). En somme, la Présentation au Temple – entre Noël et Pâques – fait le lien entre l’Incarnation et la Rédemption : le Christ offert dès son enfance annonce le Christ offert en sacrifice, et la prophétie « une épée transpercera ton âme » adressée à Marie préfigure ses douleurs au pied de la Croixfr.wikipedia.org.

6. Débats : naissance en hiver, au printemps ou en automne ?

La question de la saison de la naissance de Jésus reste ouverte et a fait l’objet de nombreux débats parmi historiens, théologiens et astronomes. Trois grandes hypothèses se dégagent, chacune s’appuyant sur des arguments scripturaires, historiques et symboliques :

  • Hypothèse d’une naissance en hiver (fin décembre). C’est évidemment la tradition majoritaire depuis des siècles, liée au choix liturgique du 25 décembre. Les arguments avancés en sa faveur sont surtout d’ordre symbolique et théologique. On y voit la réalisation concrète de la prophétie d’Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit se lever une grande lumière » (Is 9,1)paroisse-maurice-bernard.fr : au cœur de la nuit de l’hiver, la vraie Lumière du monde naît à Bethléem. La convergence avec le solstice (lumière croissante) et l’idée d’une conception au 25 mars (printemps) sont mises en avant par les Pères de l’Églisefr.wikipedia.org. Certains calculs anciens soutiennent aussi cette période : ainsi une tradition rapportée par saint Jérôme fixait la date au 25 décembre de l’an 1 avant JC (calcul de Denys le Petit) pour coïncider avec le début d’un nouveau cycle pascalfr.wikipedia.org. En outre, des textes patristiques du IIIe siècle mentionnent peut-être déjà cette date : une inscription attribuée à Hippolyte de Rome aurait indiqué le 25 décembre comme date de naissance du Christ (mais l’interprétation de ce texte est débattuefr.wikipedia.org). Du point de vue historique, l’objection principale est la météo : les nuits de décembre étant froides et pluvieuses en Judée, la présence de bergers en plein air (Luc 2,8) semble improbableregardsprotestants.com. Toutefois, des auteurs rétorquent que le climat de Bethléem, assez doux, n’exclut pas totalement que des bergers nomades aient pu garder leurs troupeaux dehors en hiver (surtout s’il s’agissait de troupeaux destinés au Temple qui devaient paître à proximité toute l’année). Cet argument climatique reste incertain. Reste l’argument liturgique : dès le IV^e siècle l’Église universelle célèbre Noël fin décembre, signe que cette date s’est imposée par son éloquence spirituelle plus que par rigueur historique. Encore aujourd’hui, la plupart des chrétiens célèbrent la Nativité le 25 décembre (ou le 7 janvier pour ceux qui suivent le calendrier julien), donnant ainsi du poids à l’hypothèse « hivernale » – sans prétendre qu’elle soit historiquement prouvée.

  • Hypothèse d’une naissance au printemps. Elle repose sur plusieurs indices antiques. D’abord, la mention des bergers pourrait correspondre à la saison d’agnelage (mars-avril) où les bergers, constamment avec leurs brebis, vivaient plus souvent dehors la nuit. Ensuite, plusieurs dates calculées par les chrétiens des premiers siècles tombent au printemps : on l’a vu, Clément d’Alexandrie cite des dates en avril (19/20 avril) ou mai (20 mai)fr.wikipedia.org; Hippolyte aurait proposé le 2 avril; le traité De Pascha désigne le 28 mars. Par ailleurs, on peut remarquer que la Pâque juive (mars/avril) marque chez Luc le début de la gestation de Jean-Baptiste (Annonciation à Zacharie pendant son service sacerdotal au Temple, possiblement lors d’une fête de l’année liturgique) et que six mois après, on arriverait en septembre pour la naissance de Jean, puis encore six mois plus tard en mars pour Jésus. Cette chronologie fait écho à une tradition judéo-chrétienne mentionnée plus haut, reliant la conception de Jean le Baptiste à un calendrier sacerdotal tiré du Livre des Jubilés, ce qui placerait la naissance de Jésus au printempsfr.wikipedia.org. Enfin, la symbolique du printemps sied bien à une naissance : c’est le renouveau de la nature, le soleil de justice à l’équinoxe (idée exploitée par le texte de 243)fr.wikipedia.org. Quelques exégètes modernes ont donc plaidé pour une nativité printanière, peut-être en mars ou en avril. Cependant, cette thèse reste minoritaire et s’appuie surtout sur des calculs symboliques anciens plutôt que sur une preuve directe. Le Nouveau Testament lui-même ne donne aucun indice astronomique ou festif (par ex. aucune mention que la naissance coïnciderait avec Pâque ou une autre fête juive de printemps).

  • Hypothèse d’une naissance à l’automne. C’est une théorie popularisée notamment par certains chercheurs contemporains et cercles judéo-chrétiens (ex : auteurs messianiques). Elle s’appuie d’abord sur le fait que l’automne en Judée (septembre-octobre) est une saison clémente où les bergers sont encore aux champs la nuit. Surtout, elle fait le lien avec la chronologie de Zacharie, le père de Jean-Baptiste : celui-ci, prêtre de la classe d’Abia, reçut l’annonce de la naissance de Jean « l’an x » lors de son service au Temple (Luc 1). Or si l’on reconstitue le calendrier des 24 classes sacerdotales (tournantes sur l’année), certains calculs placent la semaine de service d’Abia aux environs de juin. Zacharie aurait donc conçu Jean fin juin, Jean naîtrait fin mars (printemps suivant), et Jésus – conçu six mois après Jean – naîtrait fin septembre (automne) de l’année suivante. Cette reconstitution, proposée par divers auteurs, coïnciderait avec le temps de la fête juive des Tabernacles (Soukkot) à l’équinoxe d’automne. Il est tentant d’y voir un symbole : « le Verbe s’est fait chair et a dressé sa tente (tabernaclé) parmi nous » (Jean 1,14) contient une métaphore du tabernacle qui pourrait évoquer Soukkot. En effet, nombre de Juifs messianiques aujourd’hui croient que Jésus est né durant la fête des Tabernacles, fête joyeuse de la fin des récoltes en Israëlfirmisrael.org. Quelques légendes juives anti-chrétiennes rapportent même que les premiers judéo-chrétiens auraient célébré la Nativité à Soukkotffoz.org. D’autres points viennent étayer l’automne : par exemple, l’étoile des mages pourrait être rapprochée d’un regroupement planétaire observé en septembre -3 (conjonction Jupiter-Régulus dans la constellation du Lion, couplée à une Nouvelle Lune le 11 septembre -3 qui correspondrait à Rosh Hashanah, le nouvel an juif). Certains vont jusqu’à proposer précisément le 11 septembre 3 av. J.-C. comme date de naissance, en se basant sur le symbolisme de la « femme couronnée de douze étoiles » de l’Apocalypse 12 qui correspondrait à un arrangement astronomique de la constellation de la Vierge ce jour-làreddit.com. Sans aller dans ces détails, l’idée générale est qu’un accouchement automnal (septembre ou octobre) est crédible à la fois climatologiquement et rituellement : Soukkot célèbre la présence de Dieu parmi son peuple, ce que les chrétiens voient parfaitement accompli en l’Emmanuel (Dieu-avec-nous). Cette hypothèse, séduisante théologiquement, reste cependant conjecturale. Aucune source patristique directe ne la corrobore, et elle repose sur des reconstructions du calendrier sacerdotal et des rapprochements typologiques. Elle a le mérite de concilier plusieurs éléments (bergers, calendrier de Jean, symboles juifs), mais ne fait pas l’objet d’un consensus universitaire.

En définitive, la date exacte de la naissance de Jésus demeure incertaine. Les Évangiles n’en ayant pas fait mention explicite, c’est que l’enjeu principal était ailleurs : proclamer qui est né (le Christ Sauveur) plutôt que quand. Chaque hypothèse saisonnière s’appuie sur des arguments plausibles, et il est possible que la vérité historique ne soit jamais connue avec précision. Comme l’écrit un exégète : « on ne peut déterminer l’année (ni le jour) de naissance de Jésus, les données des récits étant trop problématiques »fr.wikipedia.org. L’Église a fixé une date symbolique en hiver (25 décembre) pour célébrer liturgiquement le mystère ; mais les discussions savantes sur le calendrier continuent d’enrichir notre compréhension du contexte de la Nativité, sans toutefois entamer la signification spirituelle que les croyants attachent à cet événement fondateur.

7. Lectures symboliques et typologiques des récits de la Nativité (bergers, mages, Temple, lumière…) dans la tradition ancienne

Dès les premiers siècles, les Pères de l’Église ont médité sur les récits de la Nativité en y discernant des significations spirituelles et typologiques profondes. Les événements et personnages entourant la naissance de Jésus sont ainsi interprétés comme des figures qui annoncent l’œuvre du Christ ou résument la foi chrétienne. Voici quelques exemples marquants de ces lectures symboliques dans la tradition ancienne :

  • Bethléem, la “Maison du Pain”. Les théologiens anciens ont beaucoup commenté le choix de Bethléem comme lieu de naissance du Sauveur. Saint Grégoire le Grand rappelle que Bethléem signifie en hébreu « maison du pain », et il n’y voit pas un hasard : « Il convenait que la naissance du Seigneur eût lieu à Bethléem, car Bethléem signifie la maison du pain. Or il a dit lui-même : “Je suis le pain vivant descendu du ciel”. Celui qui doit rassasier nos âmes de la nourriture spirituelle devait naître là »paroisse-maurice-bernard.frparoisse-maurice-bernard.fr. Jésus couché dans une mangeoire (un crib où mangent les bêtes) est vu comme le signe qu’il se donne en nourriture – les Pères y lisent déjà l’annonce de l’Eucharistie, Jésus “pain de vie” offert pour le monde. De même, saint Bède le Vénérable voit une providence dans le fait que le Christ soit né au temps du recensement de César Auguste : « Le Christ a daigné s’incarner à cette époque, afin qu’aussitôt né, il fût inscrit au registre de l’empereur et soumis à l’impôt, pour nous libérer de la servitude. Il naît à Bethléem, non seulement pour prouver sa descendance royale (de David), mais en raison de la signification mystérieuse de ce nom »paroisse-maurice-bernard.frparoisse-maurice-bernard.fr. Ainsi, Bethléem désigne sa royauté messianique (ville de David) et sa mission de pain céleste.

  • La crèche, les bergers et l’humilité. L’abaissement du Fils de Dieu né dans une étable a frappé l’esprit des Pères. Saint Jean Chrysostome s’émerveille que le Christ ait choisi une telle humilité : « S’il l’avait voulu, il aurait pu venir en ébranlant les cieux, en faisant trembler la terre et en lançant la foudre. Mais il rejeta tout apparat, car il venait non pour perdre mais pour sauver l’homme. Dès sa naissance, il foule aux pieds notre orgueil. Non content de se faire homme, il se fait homme pauvre, et il choisit une mère pauvre, qui n’a même pas de berceau pour y coucher son nouveau-né : “elle le coucha dans une crèche” »paroisse-maurice-bernard.fr. Les bergers qui accourent à la crèche représentent, aux yeux de nombreux commentateurs, les âmes humbles et les pauvres d’Israël – ceux que le monde méprise mais que Dieu privilégie. Saint Ambroise note que c’est à de simples bergers que l’ange apparaît, non à des rois puissants : Dieu recherche la simplicité de cœur. Il exhorte ses fidèles à imiter leur empressement : « Ce sont de pauvres bergers qui vous donnent cet exemple de foi ; ne le négligez pas. Dieu rejette les prétentieux et se révèle aux humbles : “Ils se hâtèrent d’y aller…” Personne ne doit chercher Jésus-Christ avec négligence ! »paroisse-maurice-bernard.fr. Les bergers symbolisent aussi les pasteurs de l’Église qui, les premiers, reçoivent l’annonce pour la transmettre : ils préfigurent ainsi les apôtres, évangélisant ensuite le peuple (de fait Luc souligne qu’ils « firent connaître » la nouvelle autour d’euxprixm.orgprixm.org). Dans la tradition exégétique, on a parfois opposé les bergers et les mages : les bergers juifs, proches et pauvres, accourent dès la nuit de Noël, tandis que les mages païens, riches et lointains, arrivent plus tard – signe que l’Évangile touche d’abord les petits d’Israël puis les nations entières. Cette complémentarité bergers/mages illustre l’universalité du salut.

  • Les mages et leurs dons. Les Rois mages ont suscité d’abondants commentaires symboliques. L’Évangile ne donne ni leur nombre ni leurs noms, mais la tradition en a vite fait trois personnages royaux venus d’Orient (d’après les trois présents et des textes comme le Psaume 72,10 : « des rois de Tharsis… apporteront des présents »)books.openedition.orgfr.wikipedia.org. Saint Irénée de Lyon, dès le II^e siècle, est l’un des premiers à proposer une interprétation spirituelle des cadeaux : « En ouvrant leurs trésors, ils offrirent à l’Enfant or, encens et myrrhe, montrant ainsi qui il était : la myrrhe signifiait que c’était lui qui mourrait pour notre humanité mortelle et serait enseveli ; l’or, qu’il était le Roi dont le règne n’a pas de fin ; l’encens, qu’il est Dieu, manifesté désormais en Judée »books.openedition.orgbooks.openedition.org. Cette exégèse d’Irénée – or pour la royauté, encens pour la divinité, myrrhe (embaumement) pour l’humanité souffrante de Jésus – s’est transmise fidèlement par la suite dans toute la traditionbooks.openedition.org. Au Ve siècle, saint Léon le Grand y revient dans ses sermons : « À Dieu, ils offrent de l’encens ; à l’Homme (mortel), de la myrrhe ; au Roi, de l’or : conscients d’honorer dans une même unité les deux natures divine et humaine », déclare-t-ilbooks.openedition.org. Léon ajoute même une lecture trinitaire : l’or évoque le pouvoir royal du Père, l’encens la prière adressée au Fils-Dieu, la myrrhe le linceul qui préfigure la mort charnelle – mystères de la Trinité et de l’Incarnation réunis dans cet épisodebooks.openedition.orgbooks.openedition.org. Par ailleurs, les mages eux-mêmes sont vus comme les prémices des nations païennes appelées au salut. « Ces trois hommes représentent toutes les nations », affirme saint Léonbooks.openedition.org. Leur démarche guidée par l’étoile est interprétée comme l’illustration de la grâce divine à l’œuvre : « Dans la clarté de l’étoile se manifestait déjà la grâce de Dieu, dans les trois hommes l’appel des gentils » écrit Léonbooks.openedition.org. Le roi Hérode, au milieu d’eux, figure quant à lui la résistance des puissances terrestres (la « cruauté des païens ») face à la naissance du vrai Roi célestebooks.openedition.org. Les Pères voient aussi dans le retour des mages « par un autre chemin » le symbole de la conversion : ayant rencontré le Christ, ils ne reviennent pas à la vieille route du péché. La tradition médiévale ajoutera force légendes (les noms des rois mages, leurs reliques etc.), mais l’essentiel théologique était déjà fixé par les exégètes anciens.

  • Le Temple et Siméon : la rencontre des Alliances. L’épisode de la Présentation au Temple (Luc 2,22s, voir section 5) a lui aussi reçu une interprétation spirituelle chez les Pères. On y voit la première entrée de Jésus dans le Temple de Jérusalem, lieu saint où Dieu réside au milieu de son peuple – manière de signifier que Jésus est l’Emmanuel présent dans son Temple. Le vieillard Siméon y joue un rôle prophétique : il personnifie l’Ancien Testament qui attend l’accomplissement et qui, ayant vu le Christ, peut s’en aller en paix. Ses bras portent l’Enfant comme les pages de l’Ancienne Alliance portaient en figure le Nouveau. Saint Bernard au XII^e siècle dira que Siméon représente la prophétie et Anne la Loi, tous deux transmettant le témoignage au nouvel Israël (Marie et l’Église). Le cantique de Siméon – « Maintenant laisse ton serviteur s’en aller en paix… mes yeux ont vu ton salut » – est devenu la prière de compline (Nunc dimittis), marquant l’achèvement d’une journée comme de toute une économie spirituelle. La lumière révélée aux nations dont parle Siméon est bien sûr un thème majeur : les Pères y voyaient l’annonce de l’Évangile rayonnant chez les païens. Cela a donné la tradition des cierges de la Chandeleur : dès le VII^e siècle à Rome, on organise au 2 février des processions aux flambeaux chantant « Lumen ad revelacionem gentium ». On considère ainsi que la prophétie de Siméon se prolonge : le Christ est la lumière qui éclaire par la prédication de l’Église. Enfin, lorsque Siméon prédit à Marie qu’une épée transpercera son âme, les Pères y lisent la première allusion à la compassion de Marie au pied de la Croix : Marie est associée aux souffrances rédemptrices de son Fils, et ce mystère commence à poindre dès la présentation au Temple. Dans l’iconographie orientale, l’icône de la Sainte Rencontre montre Siméon tenant Jésus et s’inclinant, tandis que Marie s’apprête à donner l’Enfant – image d’une offrande commune du Christ par ses parents et de son acceptation par l’humanité juste (Siméon et Anne). La fête de la Présentation a toujours gardé cette atmosphère douce-amère de joie (rencontre et lumière) mêlée de gravité (l’épée annoncée, le sacrifice à venir).

  • La lumière et le soleil de justice. Un dernier motif symbolique omniprésent chez les anciens commentateurs est celui de la lumière. Jésus naît de nuit, mais une clarté divine illumine la scène de la Nativité : « la gloire du Seigneur resplendit autour des bergers » (Luc 2,9)prixm.org. Ceci est interprété comme l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe 9 : « Une grande lumière resplendit »paroisse-maurice-bernard.fr. Les hymnes anciennes appellent Marie « astre qui annonce le Soleil », et Jésus « Soleil levant venu nous visiter » (d’après Luc 1,78). On a vu que la date du 25 décembre fut choisie en partie pour mettre en valeur ce symbolisme cosmique : la naissance du Christ est la naissance du vrai Soleil qui ne connaît pas de déclinfr.wikipedia.org. Malachie 3,20 avait annoncé « pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice » – un verset fréquemment associé à Noël, notamment dans la liturgie latine. Saint Ambroise écrit : « Le Christ est notre nouveau Soleil, notre jour qui ne finit pas. Né en plein cœur de la nuit terrestre, il inaugure le Jour éternel ». La thématique de la lumière est également exploitée dans la fête de l’Épiphanie (étoile des mages, baptême où le ciel s’ouvre lumineux) et celle de la Présentation (Syméon proclamant le Christ « Lumière pour éclairer les Gentils »). L’Église a matérialisé cela par la symbolique des cierges bénits à la Chandeleur : chaque fidèle portant la lumière, c’est l’annonce de la mission : « Vous êtes la lumière du monde… Que votre lumière brille devant les hommes » (Mat 5,14). Ainsi, du point de vue typologique, la lumière de Bethléem se propage jusqu’aux extrémités de la terre, figurant la diffusion universelle de l’Évangile.

En conclusion, la tradition chrétienne ancienne a lu les récits de la naissance de Jésus à plusieurs niveaux. Au-delà du niveau historique, les Pères de l’Église y ont contemplé un langage symbolique : chaque détail (lieu, personnages, objets) est porteur d’un sens spirituel. Ces lectures midrashiques et typologiques visaient à édifier la foi des fidèles, en montrant l’harmonie entre l’Ancien et le Nouveau Testament et la profondeur du mystère de Noël. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, la liturgie de Noël et de l’Épiphanie est parsemée de références à ces symboles : Bethléem la « Maison du Pain », l’étoile qui guide l’humanité vers le Christ, la crèche comme trône d’humilité, la Vierge Marie nouvel arche d’alliance, Joseph image des justes de l’Ancienne Alliance, les bergers premiers évangélisés et devenant évangélisateurs, les mages annonçant les Gentils, les dons confessant la royauté, la divinité et la passion, et le Temple où le Messie est offert, Lumière des nations. Cette richesse de significations, mise en valeur par deux millénaires de méditation chrétienne, continue d’accompagner chaque année la célébration de la Nativité du Seigneur.

Sources : Bible de Jérusalem (Lc 1-2 ; Mt 1-2) – Encyclopédie Wikipédia (articles Date de naissance de Jésusfr.wikipedia.orgfr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org, Noëlregardsprotestants.comregardsprotestants.com, Épiphaniefr.wikipedia.org, Présentation de Jésus au Templefr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org, etc.) – Écrits patristiques (Irénée de Lyonbooks.openedition.org, Jean Chrysostomeparoisse-maurice-bernard.fr, Grégoire le Grandparoisse-maurice-bernard.fr, Bède le Vénérableparoisse-maurice-bernard.fr, Léon le Grandbooks.openedition.orgbooks.openedition.org, Ambroiseparoisse-maurice-bernard.fr) – Études historiques (R. E. Brown, The Birth of the Messiah ; S. C. Mimouni et P. Maraval, Le Christianisme des origines à Constantinfr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org) – Regards protestantsregardsprotestants.comregardsprotestants.com.

Key points (English)

  • Two infancy narratives, two angles: Luke = manger/shepherds/census; Matthew = Magi/star/Herod/Egypt.

  • Common core: Bethlehem, Mary, Joseph (Davidic line), time of Herod, theological claim of the Incarnation.

  • Dating by Herod: Herod’s death (~4 BC) strongly suggests Jesus was born before 4 BC, often proposed 6–5 BC.

  • The Quirinius problem: Luke’s census reference clashes with the historically dated census in 6–7 AD; many see it as narrative/theological framing.

  • No biblical birthday: Early Christians proposed several dates; Dec 25 becomes dominant only from the 4th century in the West.

  • Why Dec 25? Computation (Mar 25 + 9 months) and/or Christianization of solstice “light” symbolism and Roman festivities.

  • Epiphany’s evolution: Originally a multi-mystery feast (Magi, Baptism, Cana); West emphasizes Magi, East emphasizes Baptism/Theophany.

  • Feb 2 (Presentation/Candlemas): rooted in Luke 2; early Jerusalem practice; later fixed 40 days after Christmas; strong “light” motif (candles).

  • Season debate: winter tradition vs spring (shepherds/night fields) vs autumn (priestly courses/Sukkot hypotheses)—no consensus.

  • Patristic symbolism: Bethlehem “Bread,” gifts’ meaning, shepherds vs Magi (Israel + nations), Simeon’s “light,” and typology over strict chronology.

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