L'Église comme le Véritable Israël selon la Tradition Catholique
L'Église comme le Véritable Israël selon la Tradition Catholique
📝 Summary in English
In Catholic tradition, the Church is seen as the true Israel: not replacing the Jewish people, but fulfilling God’s promises to Abraham. Scripture (Romans 9–11, Galatians 3, John 15), the Fathers (Augustine, Irenaeus), and the Magisterium (Lumen Gentium, Nostra Aetate) all affirm that belonging to Israel is no longer a matter of flesh, but of faith in Christ. The Church is the spiritual Israel, rooted in the covenant and open to all nations. The Jewish people remain beloved of God, for His gifts and calling are irrevocable (Rom 11:29).
Introduction
Dans la tradition catholique, l’Église est perçue comme le « nouvel Israël » (ou « véritable Israël ») qui accomplit les promesses divines faites à Abraham. Cette idée ne signifie pas que l’Église remplace ou rejette le peuple juif, mais qu’elle en prolonge et réalise spirituellement la vocation. La Parole de Dieu appelle en effet tout croyant (« Israël selon l’Esprit ») à faire partie de la descendance d’Abraham et de l’Alliance nouvelle par la foi en Christ, tandis que l’« Israël selon la chair » (descendance physique) voit sa foi éprouvée. Nous analyserons ce thème en présentant d’abord les fondements scripturaires (surtout Rm 9-11, Ga 3, Mt 5 et Jn 15), puis le témoignage des Pères (dont saint Augustin et saint Irénée), enfin l’enseignement magistériel catholique (Catéchisme, conciles Vatican II – Lumen Gentium, Nostra Aetate). Nous soulignerons ainsi la continuité et la rupture entre « Israël charnel » et « Israël spirituel », montrant que l’Église chrétienne est bien l’Israël véritable, non par usurpation, mais comme accomplissement des promesses divinesvatican.valaportelatine.org.
I. Fondements bibliques
1. L’appel universel à faire partie du Peuple d’Abraham. Dès l’Ancien Testament, Dieu choisit Israël comme peuple-canal de l’Alliance, mais annonce déjà qu’ainsi « tous les peuples… seront bénis » en Abraham (cf. Gn 12,3). Dans le Nouveau Testament, saint Paul souligne que la filiation divine ne dépend plus du sang, mais de la foi : « Comprenez-le bien : ceux qui ont la foi sont fils d’Abraham » (Ga 3,7-9) et « si vous êtes à Christ, vous êtes de la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse »aelf.org. Autrement dit, l’Église (dont les fidèles sont « unis au Christ par le baptême ») est spiritualement la postérité d’Abraham. Le Christ confirme cette continuité : « Je ne suis pas venu abolir la Loi… mais l’accomplir » (Mt 5,17-18)aelf.org. Ainsi, la foi chrétienne réalise (au sens de perfectum) la Loi et les Prophètes qui préfiguraient l’Alliance nouvelle.
2. Israël charnel et Israël spirituel selon Paul. Saint Paul distingue explicitement Israël selon la chair – le peuple juif de souche – et l’Israël selon l’Esprit – la communauté croyante. Il écrit : « Ce n’est pas parce que Dieu a rejeté son peuple… que tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël » (Rm 9,6)aelf.org ; autrement dit, la qualification d’« Israël » relève de l’obéissance à Dieu, non du pur héritage généalogique. De même, « ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, mais ceux qui sont enfants de la promesse » (Rm 9,8)aelf.org. Plus tard, Paul évoque l’« Israël de Dieu » dans sa lettre aux Galates : « Paix et miséricorde à tous ceux qui marchent selon cette règle, à l’Israël de Dieu » (Ga 6,16)aelf.org. Ici, « Israël de Dieu » désigne la communauté des croyants en Christ (juifs et païens unis), à qui s’applique la bénédiction d’Abraham. Enfin, la lettre aux Romains assure que, malgré un « endurcissement partiel en Israël », « tout Israël sera sauvé » (Rm 11,25-26)aelf.org. Paul cite le prophète (Is 59,20) : « De Sion viendra le libérateur, Il éloignera de Jacob les crimes », pour affirmer que le salut redeviendra la vocation de tout Israël. Ainsi, bibliquement, la « véritable Israël » est un Israël « eschatologique » : un peuple formé par la foi et la promesse divine, adossé à la nouvelle Alliance scellée dans le sang du Christ (cf. 1 Co 11,25).
3. Figures évangéliques et johanniques de l’Église. Jésus se présente comme « la vraie vigne » et ses disciples comme les sarments (Jn 15,1-5)aelf.org. Cette image sapientiale, déjà employée dans l’Ancien Testament pour Israël, prend ici une portée nouvelle : c’est le Christ-vigne qui donne vie et fécondité à son Église (« par l’Église nous demeurons en lui »vatican.va). L’Évangile selon Matthieu montre également la mission universelle de l’Église (« vous êtes le sel de la terre, la lumière du monde » Mt 5,13-14), accomplissement du rôle d’Israël comme « lumière des nations » (Is 42,6). En résumé, par la Parole (Jn 15) et par la pratique du nouveau commandement d’amour (Jn 13,34), l’Église assume le patrimoine spirituel d’Israël et l’étend à tous les croyants.
II. Témoignage des Pères de l’Église
1. Saint Augustin et l’Israël spirituel. Déjà dans l’Antiquité, les Pères chrétiens ont vu le peuple chrétien comme le « vrai Israël ». Saint Augustin écrit par exemple : « Nous connaissons, il est vrai, un Israël spirituel dont parle l’Apôtre quand il dit “Paix et miséricorde à tous ceux qui marchent selon cette règle, à l’Israël de Dieu” » (cit. Ga 6,16)fr.wikisource.org. Il précise que cet « Israël de Dieu » est l’Église nouvelle, tandis que l’Israël d’Isaac et de Jacob reste un Israël charnel. Plus loin, Augustin explique : « On ne doit voir spirituellement en Jacob que le peuple chrétien » ; « dans le sens spirituel, Sion et Jérusalem servent à désigner l’Église »fr.wikisource.org. Pour lui, le « vrai Israël » n’est pas fondé sur le sang d’Isaac (Ésaü dominé par Jacob selon la promesse, cf. Rm 9,10-13aelf.org), mais sur le sang du Christ et l’Esprit-Saint régénérant. Augustin illustre ainsi que, bien que l’Église soit née du peuple juif (Jacob), elle le dépasse par sa croissance universelle en englobant les nations.
2. Continuïté patristique. D’autres Pères, comme saint Irénée de Lyon, insistent sur le lien organique entre Israël et l’Église. Irénée décrit l’humanité sauvée comme un seul arbre aux multiples rameaux (Ant. Haer. V,18), dans lequel un seul « vrai Israël » est accompli en l’Église. De même, le pape saint Grégoire le Grand souligne que l’Église « a reçu la grande part de ses choses saints » du peuple juif (Homélies sur Ezéchiel). En résumé, les Pères voient dans l’Histoire du salut une continuité : l’Ancienne Alliance a préparé la Nouvelle, et l’Église née du Christ est le peuple d’Israël dont l’Ancien Testament est préfiguration (cf. Lumen Gentium 9vatican.va).
III. Enseignement du Magistère catholique
1. Concile Vatican II et l’Église – « Nouvel Israël ». Le concile Vatican II a clairement identifié l’Église au « nouveau Peuple de Dieu ». Lumen Gentium affirme que Dieu « s’est choisi Israël pour être son peuple », non pour l’abandonner, mais « pour préparer et figurer l’Alliance nouvelle et parfaite qui serait conclue dans le Christ »vatican.va. Cette Alliance nouvelle, le Christ l’a instituée en sa chair (sa Passion) et en a appelé tout homme croyant, juif ou non, pour « former un tout non selon la chair mais dans l’Esprit et devenir le nouveau Peuple de Dieu »vatican.va. Ainsi, l’Église est « l’assemblée de ceux qui étaient autrefois n’étaient pas un peuple, étant maintenant le Peuple de Dieu »vatican.va (cf. 1 P 2,9). Lumen Gentium souligne plus loin : « Tout comme l’Israël selon la chair… reçoit déjà le nom d’“Église de Dieu” (Nb 20,4), ainsi le nouvel Israël… est appelé lui aussi : l’Église du Christ »vatican.va. En d’autres termes, Israël ancien et Israël nouveau sont unifiés : le Christ est la tête, et tous ses fidèles (ayant la foi d’Abraham) constituent le vrai Israël selon l’Espritvatican.vavatican.va.
2. Nostra Aetate et le Peuple juif. Dans sa déclaration sur le judaïsme, Vatican II réaffirme ce lien spirituel tout en condamnant toute « théologie du remplacement ». Nostra Aetate rappelle que « l’Église du Christ reconnaît que les prémices de sa foi et de son élection se trouvent chez les patriarches, Moïse et les prophètes » et que tous « les fidèles du Christ, fils d’Abraham selon la foi, sont inclus dans la vocation de ce patriarche »laportelatine.org. L’Église « se nourrit de la racine de l’olivier franc » (le peuple juif), sur laquelle sont greffés « les rameaux de l’olivier sauvage que sont les païens »vatican.va. Jésus « a réconcilié les Juifs et les Gentils » en un seul peuple (le sien) par sa Croixvatican.va. Nostra Aetate insiste aussi : « si l’Église est le nouveau Peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas pour autant être présentés comme réprouvés par Dieu »laportelatine.org. Ils restent « très chers à Dieu, dont les dons et l’appel sont sans repentance »laportelatine.org (Rm 11,28-29). Ainsi, Magistère et Écritures se répondent : l’Église est le nouvel Israël en esprit, mais le peuple juif demeure porteur d’un don propre et l’Alliance ancienne n’est pas abrogée (cf. CCC 839).
IV. Continuité et rupture entre Israël charnel et Israël spirituel
Le catholicisme établit un lien de continuité historique et théologique entre Israël et l’Église, tout en reconnaissant une nouvelle dimension de la promesse en Christ. Continuité : l’Ancienne Alliance n’a pas été ni annulée ni oubliée. Comme le souligne Lumen Gentium, ses rites, prophètes et promesses ont préparé l’Évangile (cf. Jé 31,31-34 citévatican.va) et la foi d’Abraham s’adresse désormais à toutes les nations. Les fidèles (Juifs et Gentils) sont tous héritiers de la promesse (Ga 3,29aelf.org) et constituent ensemble le « Peuple de Dieu » annoncé par l’Écriture (1 P 2,9). Rupture (ou accomplissement) : l’appartenance au vrai Israël n’est plus charnelle, mais spirituelle. Paul rappelle que « ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu » (Rm 9,8)aelf.org. L’Église réalise une fidélité plus profonde au dessein divin : en Christ s’ouvrent « un même Esprit, une même foi », abolissant l’ancienne séparation juif-païen (Ga 3,28-29aelf.org). De plus, comme le précise Romains 11, l’endurcissement des juifs s’est produit « pour que le monde entier ait pitié » (Rm 11,25) et que « les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance » pour Israël (Rm 11,28-29laportelatine.org). Ainsi, l’Église ne prétend pas se substituer de façon hâtive à l’ancien peuple ; plutôt, elle et Israël sont deux rameaux du même Olivier (Ro 11). À terme (secret de Dieu), le « véritable Israël » comprendra tous ceux qui ont obéi à Dieu, et « tout Israël sera sauvé » (Rm 11,26aelf.org), selon la promesse accomplie.
Conclusion
Dans la perspective catholique latine, l’Église est indéniablement le « vrai Israël » selon l’Esprit, mais ceci en tant qu’« Israël accompli », non en tant qu’« Israël remplacé ». À travers les Écritures, les Pères et le Magistère, se dessine l’idée que la naissance de l’Église, issue du Christ Juif, réunit et transcende Israël ; elle réalise l’Alliance éternelle. L’Église bénéficie de l’héritage d’Israël (loi, alliances, promesses) et y puise sa légitimité, tout en proclamant que le Messie est venu pour universaliser cet héritage. En même temps, elle témoigne du respect et de la gratitude dus au peuple juif, gardien des promesses originelles. Pour l’Église catholique, finalement, la promesse abrahamique trouve son plein accomplissement dans la communion de tous les croyants en Christ, Israël spirituel nouvellement formé, tandis que l’Israël d’antan reste « cher à Dieu » et mené à sa plénitude par la miséricorde divinelaportelatine.orgvatican.va.
Sources : Les arguments ci-dessus s’appuient sur les textes bibliques (Romains 9‑11, Galates 3, Matthieu 5, Jean 15, etc.), les Pères de l’Église (saint Augustin, saint Irénée, etc.) et le Magistère catholique (notamment le Catéchisme, Lumen Gentium et Nostra Aetate du Concile Vatican II)aelf.orgvatican.valaportelatine.orgfr.wikisource.org. Ces sources montrent clairement que l’Église est l’Israël véritable, l’« Israël spirituel », venu compléter le dessein de Dieu plutôt que de le remplacer.
🔑 Key Points in English
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Scripture: “Not all who are descended from Israel are Israel” (Rom 9:6). Faith, not blood, makes one a child of Abraham. 
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Fathers: Augustine called the Church the “Israel of God” (Gal 6:16), the true continuation of God’s people. 
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Magisterium: Vatican II teaches the Church is the “new People of God,” yet the Jews remain chosen and beloved. 
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Continuity: The Church inherits the Law, the prophets, the promises. 
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Fulfillment: Christ universalizes Israel’s vocation, opening the covenant to all peoples. 

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