Non, la doctrine sociale de l'église n'est pas immigrationniste
Non, la doctrine sociale de l'église n'est pas immigrationniste
Summary :
The Catholic Church’s social teaching is not “immigrationist.” From Scripture to Pope Francis, it affirms two complementary truths: the duty of hospitality toward the foreigner, and the right of every people to live with dignity in their homeland. Migration is recognized as a last resort, not an absolute right. The Church insists on protecting migrants’ dignity while urging governments to tackle the root causes—poverty, war, injustice—so that no one is forced to leave home.
La tradition biblique chrétienne commande l’hospitalité envers l’étranger. Par exemple, Lévitique 19,34 prescrit : « Vous traiterez l’étranger en séjour parmi vous comme un indigène… vous l’aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte »saintebible.com. De même, le Christ associe les migrants au soin des plus petits : « J’étais étranger et vous m’avez accueilli chez vous » (Matthieu 25,35)bible.com. Ces textes bibliques, complétés par l’enseignement patristique et la doctrine sociale (par ex. « nul n’a le droit d’instrumentaliser l’autre »), fournissent aux papes le socle théologique de l’accueil des migrants.
Papes et migrations jusqu’à Léon XIII
Pendant des siècles, la papauté a réagi de façon contrastée aux mouvements de peuples. Aux débuts des grandes découvertes, Nicolas V (1452) promulgue Dum Diversas, autorisant la conquête et la réduction en esclavage « des Sarrazins, païens et autres ennemis du Christ »ncronline.org. Quelques années plus tard, le pape Paul III publie Sublimis Deus (1537), interdisant le trafic des Indiens d’Amérique et affirmant qu’ils sont « véritablement des hommes… ne peuvent en aucun cas être privés de leur liberté… ni réduits en esclavage »laportelatine.org. Au XIXᵉ siècle, Grégoire XVI (1839) dénonce à son tour le commerce des esclaves. En parallèle, l’Église a toujours encouragé le sauvetage des captifs : saint Ambroise, par exemple, vend ses calices pour racheter les prisonniers.
Léon XIII et Rerum Novarum (1891)
Léon XIII pose le travailleur au centre de l’ordre social. Dans Rerum Novarum (1891), il défend la juste rémunération et la dignité du travail : tout ouvrier doit pouvoir gagner assez pour subvenir à sa famille, et l’association (syndicat) est légitime pour défendre ses droits. Il refuse aussi le recours au seul marché sans frein. Pie XII résume son esprit : Léon XIII a « vigoureusement défendu les émigrants qui cherchaient à gagner leur vie à l’étranger »papalencyclicals.net. Autrement dit, les principes de Rerum Novarum s’appliquent aussi aux travailleurs migrants : ils ont droit au même salaire décent et à la même protection sociale.
Évolution de la doctrine au XXᵉ siècle
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Benoît XV (1914‑1922) : créé en 1914 la première Journée mondiale du migrant face aux réfugiés de la Grande Guerre. Dans l’encyclique Exsul Familia Nazarethana (1919), il compare la migration à l’exil de la Sainte Famille et exhorte les Églises et États à porter « un soin particulier et un secours continu » aux exilés et émigrants. 
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Pie XII (1939‑1958) : dans son encyclique Exsul Familia (1952), il reprend l’enseignement de ses prédécesseurs. Il affirme que l’Église a veillé aux migrants d’un « soin particulier et d’une aide incessante »papalencyclicals.net, préservant en eux « la foi de leurs pères et un mode de vie conforme à la loi morale ». Il réaffirme par ailleurs le « droit de la famille à une vie digne » et explique que, lorsque ce droit est assuré, « la migration atteint son véritable sens »archseattle.org. En clair, toute famille a le droit de chercher les moyens de vivre décemment (y compris par la migration s’il le faut), car c’est un moyen légitime d’assurer une vie humaine digne. 
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Jean XXIII (1958‑1963) : dans Pacem in Terris (1963), il expose les droits de l’homme universels. Il y proclame que « tout homme » a « le droit à la liberté de circulation et de séjour dans les limites de son pays… et, lorsque s’en présentent de justes motifs, le droit de s’établir ailleurs »archseattle.org. Ainsi Jean XXIII reconnaît à la fois le droit de ne pas migrer (le déplacement ne doit intervenir que pour de bonnes raisons) et la liberté pour l’émigrer légitimement. 
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Paul VI (1963‑1978) : dans Populorum Progressio (1967) et de ses discours (discours à l’ONU, voyages en Afrique/Asie), il met en avant les responsabilités économiques mondiales. Il souligne que la faim, la pauvreté et les conflits – plus que les seules pulsions migratoires – poussent les peuples au départ, et il appelle à l’éradication du sous-développement pour freiner les migrations forcées. 
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Jean-Paul II (1978‑2005) : très engagé, il crée en 1988 le Conseil pontifical pour les migrations et signe l’instruction pastorale Erga migrantes (2004). Il insiste sur la dignité du migrant quelle que soit sa situation. Par exemple, il écrit que même l’immigré « en situation irrégulière » voit « sa dignité […] niée » et que « la situation d’irrégularité légale n’autorise pas à négliger la dignité du migrant, qui possède des droits inaliénables »vatican.va. Il dénonce les discriminations et dénonce les trafiquants sans pitié, appelant à ce que l’immigration illégale soit prévenue sans pour autant ignorer ces droits humains. Il considère les déséquilibres mondiaux comme causes majeures : « La coopération internationale […] pour promouvoir la stabilité politique et éliminer le sous-développement » est le remède, car l’« actuel déséquilibre économique et social… alimente pour une grande part les courants de migration. Ne pas y remédier serait traiter ce phénomène comme une fatalité, au lieu d’en faire un défi que doit relever la responsabilité humaine »vatican.va. 
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Benoît XVI (2005‑2013) : il conforte l’enseignement social précédent. Dans son encyclique Caritas in Veritate (2009), il affirme que « le migrant est d’abord et avant tout un être humain qui, en tant que tel, possède des droits fondamentaux, inaliénables, que tous doivent respecter »vatican.va. Il encourage la coopération législative internationale pour protéger ces droits, et note que les travailleurs migrants contribuent au développement des pays d’accueilvatican.va. 
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François (2013‑présent) : très actif sur ce thème, il relie migrations et crises planétaires. Il relève notamment le lien climat-pauvreté-migration : selon Laudato si’, « il y a eu une tragique augmentation du nombre de migrants cherchant à fuir la pauvreté croissante provoquée par la dégradation de l’environnement »vatican.va. Il dénonce aussi les ingérences des puissants : il martèle que « les migrants et réfugiés ne sont pas des pions sur l’échiquier de l’humanité »vatican.va, rappelant qu’il s’agit toujours de personnes vulnérables. François plaide pour une mondialisation plus juste qui ne laisse personne au bord du chemin, et pour des politiques d’intégration fondées sur la solidarité et la promotion humaine. 
L’inscription « Refugees Welcome » peinte sur un mur londonien illustre l’appel chrétien à l’accueil fraternel. L’Église a de tout temps aménagé des refuges et paroisses nationales pour aider les migrants (hospices médiévaux, aumôneries modernes). Les papes exhortent à fournir aux émigrés un accompagnement complet (langue, formation, insertion sociale et culturelle). Dans Pacem in Terris Jean XXIII rappelle que chacun « a le droit à la liberté de circulation et de séjour dans les limites de son pays »archseattle.org : l’émigration ne doit se faire qu’en dernier recours pour de « justes motifs ». En pratique, les gouvernements sont donc appelés à améliorer les conditions dans le pays d’origine pour que nul ne soit contraint de partir.
Critiques de l’exploitation et dérives du libéralisme
Les papes dénoncent fermement l’exploitation des migrants et les effets néfastes de l’économie libérale non régulée. Jean-Paul II insistait sur la lutte contre « les réseaux criminels qui profitent de l’expatriation clandestine » et rappelait qu’il faut « prévenir l’immigration illégale » tout en respectant la dignité des migrantsvatican.va. Léon XIII et ses successeurs ont mis en garde contre le culte de l’argent qui broie les pauvres. François dénonce aujourd’hui l’« économie du gaspillage » et la tentation de considérer les personnes comme des marchandises. Il rappelle que les migrants ne sont pas de simples « ressources » ou pions politiciensvatican.va, et que chaque migrant demeure « une personne humaine… qui possède des droits fondamentaux, inaliénables »vatican.va. Les papes appellent ainsi à un ordre économique mondial fondé sur la justice et la solidarité, afin que personne ne migre par désespoir ni ne soit exploité par les puissants.
Sources : Enseignement papal et doctrine sociale (encycliques, messages pontificaux, catéchisme) depuis l’Antiquité chrétienne jusqu’à aujourd’hui, notamment Rerum Novarum (Léon XIII), Pacem in Terris (Jean XXIII)archseattle.org, Populorum Progressio (Paul VI), Exsul Familia (Pie XII)archseattle.orgpapalencyclicals.net, Caritas in Veritate (Benoît XVI)vatican.va et les multiples messages du pape François. Ces documents s’appuient sur la Bible (Lv 19,34saintebible.com ; Mt 25,35bible.com) et la tradition catholique pour affirmer la dignité de tout migrant. Des citations précises sont indiquées ci-dessus.
🌍 Catholic Social Teaching on Migration – Key Points
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📖 Biblical Duty: Hospitality to the stranger (Lev 19:34; Mt 25:35). 
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⚖️ Historical Balance: Condemned slavery & exploitation; defended captives & migrants. 
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👷 Leo XIII (1891): Migrants = workers with equal dignity, just wages, rights. 
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⛪ 20th Century Popes: - 
Benedict XV & Pius XII: Holy Family as model; pastoral care for migrants. 
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John XXIII: Right not to migrate + right to move for just reasons. 
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Paul VI: Development first — fight root causes of migration. 
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John Paul II: Dignity even for undocumented; global cooperation needed. 
 
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✝️ Benedict XVI: Migrants are persons with inalienable rights; laws must protect them. 
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🌱 Francis: Links migration to poverty, climate, injustice; rejects treating migrants as pawns. 
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🕊️ Core Principle: Not “open borders,” but open hearts — protect dignity, build justice, heal causes. 

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